Le « nisagan » ou « nijagan »

Un outil de pêche mi’kmaq adapté par les Acadiens

Le « nisagan » (mi’kmaq), prononcé nijagan ou nigagan par les Acadiens du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, est un outil de pêche mi’kmaq adopté par les Acadiens de la Baie Sainte-Marie et d’ailleurs. Semblables aux fascines ou enceintes de bois, les « nisagans » sont construits à l’embouchure de ruisseaux et de rivières qui se déversent dans la mer afin de capturer les poissons lors des marées.

Le nisagan (ou nijagan/nigagan chez les Acadiens) est un outil de pêche mi’kmaq longtemps utilisé par les Acadiens. Cet attrape-poisson rend la pêche semi-automatique en capturant les poissons à partir de trous créés par des ficelles. Construit avec des morceaux de bois, des roches et de la ficelle, il est similaire à la bourdigue canadienne ou à la fascine. Le nijagan, comme les autres systèmes de pêche de ce type, inspire les filets de pêche moderne. Selon le dictionnaire Le parler franco-acadien, un nijagan est construit en plantant des pieux les uns contre les autres, à l’embouchure des ruisseaux et des rivières à marées. Lorsque la marée est haute, les poissons nagent par-dessus le piège. Lorsque la marée redescend, les poissons cherchent à retrouver le large et ils sont capturés dans l’enclos créé par le nijagan

En Acadie, la pêche joue un rôle économique important et l’usage des nisagan/nijagans permettait de capturer les poissons sans effectuer de voyages périlleux en mer. On y capture surtout des anguilles, les bars, les aloses, les gattes, les sardines, etc. Certains documents conservés au Centre acadien témoignent de l’importance des nijagans dans l’histoire acadienne. Si quelques-uns de ses barrages appartiennent à des individus, certains membres de la communauté se réunissent pour construire et payer la construction d’un nijagan. On retrouve, au sein de ses groupes, des maîtres responsables de coordonner la construction. Un tel contrat de construction, signé le 8 mars 1859, regroupe 24 membres locaux, dont 4 maîtres. (Collection Jeanne Thibeault, Centre acadien) Le contrat autorise chacun des membres à utiliser le nijagan pour pêcher les poissons. Ils doivent également fournir les matériaux et aider à sa construction. Les maîtres sont responsables de suivre l’avancement de la construction de la structure. 

Certains vestiges de ces nijagans perdurent. Dans la collection audio du Centre acadien, un informateur raconte qu’il existe des traces d’un barrage à l’embouchure de la rivière Meteghan sur les rives du lac d’Anguilles dans les années 1980. On y observait des roches placées en forme de V pour construire le barrage.

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Embouchure de la rivière Meteghan